Publié le 01/10/2012 à à 09h56
Les pirates sont redevenus pour la plupart de simples pêcheurs, ils ont renoué avec leur vie d'avant. Il jouent aux cartes ou pêchent le homard. La majorité des prostituées sont parties ainsi que les voitures de luxe... La force navale européenne et les gardes armés à bord des cargos semblent avoir mis un coup sans précédent à l'âge d'or de la piraterie en Somalie.
"Il n'y a plus rien à faire ici en ce moment, l'espoir de relancer ce marché est très mince", lance Hassan Abdi, devenu pirate en 2009 après avoir enseigné l'anglais dans une école privée.
Selon les experts, les pirates possédaient 47 navires en 2010 en comparaison à 5 aujourd'hui ! L'année 2011 a enregistré un nombre record de 176 attaques mais seuls 25 navires ont été capturés. Des équipes de presse se sont rendues sur la côte à Galkayo et Hobyo, des villes considérées comme très dangereuses, pour n'y trouver que des pirates autrefois propriétaires de grandes villas qui vivent aujourd'hui dans des pièces obscures, vides de meubles, et tentent d'échapper à leurs créanciers.
Il y a quelques années, Abdirizaq Saleh était entouré de gardes du corps et attirait les plus belles femmes. Lorsque les rançons étaient versées, c'était la fête, avec de la musique, des bouteilles de vin, du khat et des femmes pour tous les hommes. Aujourd'hui, Saleh tente d'échapper à ses créanciers, caché dans une pièce sale devant une télévision poussiéreuse. Il porte encore ses vêtements de luxe, témoins de son opulence passée. "Les bateaux sont retenus plus longtemps, les rançons deviennent plus maigres et les attaques sont de plus en plus risquées", confie-t-il, assis sur un vieux matelas recouvert d'une moustiquaire. Le ciré qu'il utilisait en mer est accroché à la porte.
Nombreux autres pirates ont tout perdu et vivent comme des réfugiés. Certains ont pu retourner à leur ancienne vie comme l'explique Mohamed Abdallah Aden, qui est retourné à son ancienne vie d'entraîneur de football pour les garçons du village. Il explique qu'il met aujourd'hui un mois à gagner ce qu'il récoltait en un jour lorsqu'il était pirate.
La Force navale européenne a bien fait son boulot. L'action militaire internationale -Union européenne, Etats-Unis, Chine, Inde et Russie ont détruit des armes, des munitions et du carburant, grâce à un mandat élargi. Des avions japonais signalent l'activité des pirates aux bâtiments de guerre patrouillant dans la zone. Les navires marchants signalent également davantage les pirates aux patrouilles militaires. Ils se sont également équipés de gardes armés, de fil de fer barbelé, de canons à eau et de pièces sécurisées.
La ville de Hobyo est redevenue calme, le prix de la tasse de thé est retombé à 5 cents contre 50 au plus fort de la piraterie et l'on discute désormais de la pêche au homard plutôt que des cargos étrangers. "La région avait bien besoin du recul de la piraterie. Ils apportaient l'inflation, l'indécence et l'insécurité en ville", estime le maire, Ali Duale Kahiye.
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